Les métaux stratégiques sont les bienvenus chez les ch’tis

 Avec l’épuisement des gisements naturels de métaux utilisés dans les nouvelles technologies de l’énergie et des télécommunications, le recyclage devient une affaire stratégique. C’est fort d’une culture industrielle historique, que le Nord Pas de Calais entend se positionner sur ce marché d’avenir.

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Zinc et Indium : voici deux exemples de métaux devenus stratégiques pour les secteurs des équipements électriques et électroniques pour l’énergie et les NTIC. En effet d’ici quelques décennies, les gisements naturels se seront taris. Alors à l’instar des terres rares qui font figure d’enjeu industriel majeur, l’activité de récupération de ces matières dans les déchets offre de belles perspectives.

C’est fort d’une culture métallurgique historique et avec l’aide du pôle de compétivité Team2 spécialisé sur les technologies de recyclage, que la région Nord Pas de Calais entend se positionner d’ici 2015 comme le principal producteur en Europe de métaux stratégiques et terres rares de récupération.

Terres rares : le nouvel or noir ?

Sans elles, pas d’écrans plats, de disques durs, de smartphones, de moteurs hybrides ou de panneaux solaires. A quoi servent ces métaux si convoités ? Ou les trouve-t-on ? Quels sont les enjeux de la domination chinoise dans cette industrie des terres rares ?

Les terres rares : définition

Terres rares : le nouvel or noir ?

Très convoitées, les terres rares sont un groupe de 17 métaux dont le lanthane, l’yttrium et le néodyme.

A faible teneur, on les retrouve dans les téléphones portables, les disques d’ordinateur, les systèmes de navigation, et les technologies vertes (pots catalytiques, moteurs électriques, éolien). C’est la raison pour laquelle ces minéraux sont si stratégiques. Cela représentait en 2011 un marché de 128.000 tonnes et de 1,25 milliard de dollars.

Contrairement à ce que leur nom laisse penser, ces terres ne sont pas ‘rares’. Elles sont même plutôt abondantes, dans des concentrations variées, dans toute l’écorce terrestre. En revanche, elles sont difficiles à extraire et à raffiner. Leur extraction, très polluante, est essentiellement concentrée en Chine.

Les terres rares au coeur d’une guerre économique

Terres rares : le nouvel or noir ?

La Chine ne dispose que du tiers des réserves mondiales connues mais contrôle 95% de la production de terres rares.

La concentration actuelle des mines dans ce pays, autour de la Mongolie Intérieure, s’explique par le fait que leur extraction est gourmande en main-d’oeuvre, coûteuse (40 dollars le kilo en moyenne) et conduit à l’accumulation de sous-produit toxiques, notamment radioactifs, incompatibles avec les législations occidentales. Une des principales raisons qui ont peu à peu conduit de nombreux pays, dont les Etats-Unis, à abandonner l’extraction de ces métaux.

Après être parvenue à s’assurer une situation de quasi monopole, la Chine en a profité pour imposer des quotas d’exportation qui mettent à mal les besoins des industries occidentales. La dépendance des Occidentaux a été illustrée de manière spectaculaire en 2010 quand le Japon a accusé Pékin d’avoir suspendu ses livraisons en représailles à un incident maritime. Une situation qui a poussé l’Europe, les Etats-Unis et le Japon a déposer une plainte devant l’OMC contre Pékin, les partenaires commerciaux de la Chine l’accusant de chercher à faire monter les prix et de forcer les entreprises étrangères du secteur à se relocaliser en Chine pour gagner un accès aux terres rares (pour plus d’informations, consultez les liens ci-dessous) :

Cette stratégie semble aujourd’hui se retourner contre la Chine. La production mondiale est repartie à la hausse, et les cours se sont effondrés en 2012. L’oxyde de néodymium (utilisé pour les aimants) a perdu 45 %, le cérium (polissage de verre optique, filtres à particules, téléviseurs) a chuté de 38 %, le terbium (écran à rayon X, piles à combustible) de 46 % et le dysprosium de 65 % (aimants, ampoules, disques durs…). Au mois d’octobre, la Chine a annoncé qu’elle freinait sa production de terres rares pour lutter contre la déprime des cours.

Les alternatives

Face au quasi-monopole de la Chine, des pays ont relancé l’exploration et ont rouvert d’anciennes mines, jadis non rentables, notamment celle de Mountain Pass, en Californie, qui fournissait encore en 1984 le tiers du volume mondial de terres rares. Mais elles mettront des années à être opérationnelles. En Malaisie, à Kuantan, des terres rares sont importées d’Australie par l’entreprise Lynas pour être séparées et purifiées dans une usine de traitement. D’autres projets voient le jour au Kirghizistan, en Afrique du Sud, au Canada ou au Groenland.

Un pays comme le Japon, qui importait 90 % de ses terres rares de Chine en 2009, en importait moins de 50 % au premier semestre 2012. Explorations de réserves dans le sous-sol du Pacifique, recyclage des produits high-tech… le Japon envisage toutes les solutions pour réduire la ‘dépendance minérale’ de ses industriels vis-à-vis des terres rares importées de Chine.

En avril, le conglomérat industriel japonais Hitachi a présenté un moteur électrique dépourvu de ‘terres rares’. D’autres groupes, dont le constructeur d’automobiles Toyota, travaillent sur des projets similaires.

Pour réduire leur dépendance, certaines entreprises commencent à se pencher sur le recyclage. En France, le chimiste Solvay a inauguré au mois d’octobre un atelier de recyclage sur son site de Saint-Fons. Complémentaire d’une installation à La Rochelle, il lui permet de récupérer des terres rares qui alimentent ses propres productions. Un investissement global de 15 millions d’euros.

Les Technologies de l’Information et de la Communication ou TIC : leurs impacts environnementaux…

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Les TIC contiennent des métaux rares et les conséquences de l’exploitation de ces métaux sont nombreuses : réchauffement climatique, épuisement potentiel des ressources fossiles.

En France, le rapport officiel de l’ADEME précise qu’en 2010, 434 000 tonnes de déchets électroniques ont été déclarées collectées (80% seront recyclés), soit une hausse de 10 % sur un an. Mais cela ne représente que 27% du 1,61 million de tonnes produites sur notre marché.

Les conséquences sur le terrain : Exemple de gestion de déchets TIC en Ile-de-France…

« Au printemps 2011, les déchets accumulés formaient un stock d’environ 250 mètres de long et 40 mètres de large. Ce tas recouvrait la quasi-totalité du site sur une hauteur estimée à plus de 20 mètres et représentait un volume total d’environ 150.000 m3, s’étendant sur une surface de stockage de 14.750 m2« , précise la DRIEE.

Compte tenu des risques engendrés par la multiplication des départs d’incendie (jusqu’à 100 pompiers sur le site), le préfet d’Ile-de-France a ordonné en août 2011 l’enlèvement de l’ensemble des déchets présents dans l’installation. Faute d’exploitant solvable, la maîtrise d’ouvrage de l’opération de mise en sécurité du site a été confiée à l’Ademe. « L’évacuation totale des déchets débutée en novembre 2011 s’est terminée en avril 2012« , détaille la DRIEE.